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Chapitre 13 - Le Musee

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theRatigan's avatar
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Chapitre 13 – Le Musée   Hatena ~ un Monde Nouveau



  Dans la faible lueur d’une bougie, le reptile s’affairait à préparer du thé. Tandis qu’il versait frénétiquement du sucre dans les tasses, une voix vint l’interrompre. Une voix bien plus grave et rocailleuse. L’homme se tenait dans l’ombre. Face à une baie vitrée, et tournant le dos à l’animal.

« Je me demande… Combien avons-nous de reliques ?
-Euhm… eh… Une seule monssseigneur… siffla la bête, en baissant la tête.
-Oh ? Une seule ?.. dit l’homme d’un ton doux et faussement sympathique. Mais… Cela fait maintenant un mois que les ordres ont été donnés n’est-ce pas ? Alors comment se fait-il… Qu’il n’y aie qu’un seul des 14 artéfacts nécessaires à la prophétie en a possession ? lança-t-il en se retournant.

  La bête ouvrit la bouche pour parler main fut coupée par le fracas de la porte qui s’ouvrit en grinçant lourdement, laissant entrevoir la personne à la cape, le visage visible. Son visage était étonnement doux. Tandis que ses cheveux longs s’envolaient en même temps que sa cape, apparaissait alors une cicatrice sur sa joue droite, venant ternir ce triste et poétique visage. Seul dépassait de sa cape un petit médaillon doré serti d’une pierre rouge en forme de cœur révélé par son mouvement, qu’il s’empressa de recacher sous son col.

« Vous m’avez fait demander, monseigneur ? demanda la personne d’une voix haute et sèche.
-Ah, te voilà… Je commençais à m’inquiéter… déclara le boss tandis que le petit reptile ricanait en lui amenant le plateau. J’ai pris une décision. Je vais confier le soin de récupérer les Reliques à d’autres personnes.

  A ces mots, la personne à la cape  à la cape sentit son sang se glacer. Elle avait manifestement perdu la confiance du boss.

-Tu prends beaucoup de temps pour préparer un vol, et ils ne sont pas pour autant sans bavure. Ils savent que nous avons la cape de Nout, à présent. Et je ne peux pas me permettre de mettre en danger mon plan pour des futilités, annonça-t-il en se saisissant de sa tasse.
-Maître ! Laissez-moi vous prouver mon efficacité ! Confiez-moi la mission du Gala, je ne vous décevrai pas ! lança la personne à la cape sur un ton empli de ferveur.
-Tu as toujours été un de mes plus loyaux serviteurs. Très bien, je te confie cette mission pour t’offrir de te racheter. Mais attention, cette fois-ci, tu ne seras pas payé ! Pas la moindre étoile ! Ta récompense sera ma confiance. C’est ta dernière chance ma chère Nocti, alors je ne saurais que trop te suggérer de réussir.
-Tr… Très bien, Maître. Vous n’aurez pas à le regretter.
-Il suffit ! coupa le boss d’un geste vif. Sors.

  Alors dans un ample mouvement de volte-face, la femme à la cape sortit.

* * *

  Une ombre planait sur Bluberri. Insondable, mais pourtant habituelle. Ce soir, nous étions les seuls à savoir ce qui allait se passer : nous avons juste avant de partir reçu une confirmation d’un messager. Cette ombre pesait sur le musée, écrasant de tout son poids nos frêles épaules. Remontant mon cache-nez, Mimi me suivait, un peu plus lente : elle préférait que je l’aide pour sauter de toit en toit, et en noble gentleman, je m’empressais de voler à sa rescousse. En courant le long d’un toit, je pus voir que Koura entrait dans la salle, après nous avoir adressé un dernier regard… Elle était la seule à nous avoir vus, étant donné qu’elle savait que l’on passerait par les toits. Après être passés par dessus un porche et avoir atteint le bâtiment adjacent au musée, nous fîmes une petite pause. Mimi était vraiment stressée. Bien que je la rassurais, je dois avouer que l’angoisse et l’appréhension commençaient à me gagner. Mais je devais garder mon sang-froid !


 Alors que nous courions sur le toit du musée, nous pouvions voir sa grande coupole, d’un cuivre que le temps avait rendu verdâtre. Celle-ci était entourée d’une baie vitrée laissant s’échapper la lumière de l’intérieur vers la voûte céleste. En avançant d’un pas silencieux, nous foulâmes les minces pavés du toit jusqu’à arriver près d’une des baies vitrées inclinées. Mimi et moi jetâmes un bref coup d’œil : le gala était très bien gardé. Des vigiles étaient postés à chaque couloir, et un système d’alarme accompagnait chaque œuvre. Au milieu des festivités, nous vîmes Koura qui discutait l’air de rien, se cachant derrière son petit éventail, en attendant le bon moment pour exécuter le plan.

  Mimi et moi repartîmes et nous dirigeâmes vers l’arrière du musée, une petite cour sombre. Divers tuyaux bizarrement tarabiscotés laissaient échapper des colonnes de fumées, rendant le fond de la ruelle, menant vers une rue sombre,  invisible. Alors que j’aidais Mimi à descendre le dernier barreau de l’échelle, j’entendis le cliquetis de clés qui tournaient dans la serrure : tous les quarts d’heure, un homme venait sortir les poubelles. Quelqu’un poussait  la porte pour sortir ! J’eus à peine le temps de saisir Mimi en lui mettant la main sur la bouche et de nous cacher derrière la porte qui venait de s’ouvrir. L’homme moustachu déposa une cagette recouverte d’un linge près des poubelles. Alors d’un mouvement digne d’un ninja, je me saisis de mon mouchoir imbibé de Fédodo, arrivai derrière lui, et lui collai d’un coup sec le tissu sur la moustache ! Il s’endormit en une bouffée !

  Après avoir pris le soin de lui soutirer son trousseau de clés, nous déverrouillâmes un local où étaient entreposées toutes sortes de caisses en bois et y mîmes l’homme endormi. Nous refermâmes ensuite la porte menant au musée à clé également.

  Nous traversâmes la ruelle, escaladâmes une poubelle, et à bout de bras montâmes sur le toit, de l’autre côté du musée. Nous courûmes le long de la rambarde, jusqu’à atteindre un tuyau d’où s’échappait un souffle chaud : nous avions trouvé le conduit de climatisation. Nous ôtâmes la grille qui bouchait le passage, et après s’être échangés un regard, Mimi toqua trois fois sur la paroi suivant un ordre bien précis. Et après quelques secondes, nous entendîmes quatre coups venant de plus bas. Koura était à son poste ! Je fis alors tomber le trousseau de clés emballé dans un tissu dans les ténèbres du tuyau. Koura tapa alors deux fois sur le tuyau : ça voulait dire qu’elle les avait eues ! Tandis que je tapai également deux fois pour dire que nous avions bien compris, Mimi trépigna sur place et me secoua les épaules. Moi aussi, j’étais relativement soulagé !

« C’est bon ! Elle a le trousseau de clés ! s’exclama gaiement Mimi en joignant ses deux mains.
-Oui, pour l’instant tout se passe comme prévu ! répondis-je. Quelle heure est-il ?
-Euuhmm… fit Mimi en regardant sa montre, presque 21 heures 30.
-Bon, allons chercher nos costumes, on passe à la phase 2. »

* * *

  De retour à l’appartement, Mimi avait enfilé une magnifique robe cocktail avec des froufrous et un petit nœud au niveau du ventre, très femme et très chic. Les épaules nues, et coiffée d’un chignon bohème, elle était prête. Moi, j’ai enfilé mon smoking préféré, assorti d’un gros nœud papillon blanc.

« Whaaaw ! fis-je, les yeux grands ouverts. Tu es splendide !
-Merci… répondit-elle en rougissant. J’ai toujours gardé cette robe pour une occasion particulière, ajouta-t-elle en tournant sur elle même. Je te trouve très élégant aussi.
-Ho, merci ! répondis-je en un sourire. Mais on n’a pas le temps de tergiverser, on a une Clé à voler !

  Ainsi préparés, nous retournâmes au gala. Une fois sur place, il était 23 heures 20 : il ne restait plus que 40 minutes avant l’exposition de la clé !

  Il était à présent temps de passer à l’investigation et au vol. De nouveau arrivés à la porte de derrière, nous toquâmes selon un ordre particulier. Un  cliquetis se fit entendre, et alors Koura nous ouvrit, très soulagée de nous voir : elle nous enlaça tous les deux.

« Ouiiii j’en étais sûûûûre ! Je savais que vous réussiriez ! s’exclama-t-elle en nous serrant.
-Oui. Oui oui… ghnnn…
-Euhnn, Koura, tu peux s’il-te-plaît gnnn- nous lâcher ? lança Mimi d’un ton maternel.
-Euh oui, pardon ! Mais je suis soulagée, soulagée, soulagée !
-Allez, reprends-toi, on est loin d’avoir fini, fis-je en ramenant le sérieux. »

  En vacant le long des couloirs, nous passâmes par la grande salle, où multitude de personnes, de buffets et de pièces du musée se côtoyaient. En passant à travers cette foule, je ne pus retenir mes pulsions. Je me détachai du groupe, fonçai vers une table et commençai à m’empiffrer. Mimi fut obligée de me tirer par l’oreille pour me faire lâcher mes petits canapés. Alors que nous nous approchions de la sortie, je fus séparé du groupe. Les filles avançaient seules, et moi je du accélérer le pas. Mais alors qu’elles revenaient vers moi, une main se posa sur mon épaule.

« Reno ? Mais que fais-tu ici ? demanda Alexeï, parrain du gala.
-Euh je… J’ai été invité ! mentai-je tandis que Koura arrivait à ma rescousse.
-Mais… Ah, tu es là Koura ! Je t’ai aperçue tout à l’heure ! Tout se passe comme tu veux ?
-Heuu oui oui. Désolé, patron, mais nous sommes un peu pressés ! lança-t-elle en m’agrippant le bras et me tirant.
-Oh ? Et bien… d’accord ? Mais Reno, je t’en prie, explique-moi comment tu es arrivé ici, c’est une soirée privée, et je ne t’ai vu nulle part sur la liste des invités ?
-Euh, en fait c’est-
- Nous somme ensemble ! s’écria Koura en me prenant la main. »

  A ces mots, j’écarquillai très largement les yeux, le regard dans le vague, puis me repris, et en profitai pour passer ma main autour de sa taille et la serrer… En toute amitié, évidemment… hum.

« Ooooh je vois ! s’extasia Alexeï dans un clin d’œil. Ca explique que vous soyez si fuyards ce soir !
-Oui oui c’est pour ça !!  avons-nous acquiescé à l’unisson, en hochant frénétiquement la tête.
-Bon, et bien, je vous laisse dans ce cas… glissa-t-il en un sourire taquin tout en retournant voir divers politiciens. »

  Koura et moi échangeâmes un regard de soulagement. Il s’en était fallu de peu ! Puis en un regard meurtrier, elle me fit comprendre que ma main pouvait quitter sa croupe.

  Nous rejoignîmes alors Mimi, et repartîmes tous ensemble vers la porte du fond.

« Euh, dîtes-moi, qu’est-ce que vous avez raconté à Alexeï pour qu’il vous laisse partir si vite ?
-Euh rien, rien ! »

  Alors que nous nous approchions discrètement de la porte gardée par un vigile, l’orchestre se mit en formation et commença à jouer un air, les lumières rivées sur l’estrade qu’ils occupaient. Profitant de cette légère diversion, Koura s’avança vers le vigile en pointant son badge.

« Koura Demmoune, secrétaire du Comte Alexeï de Silvering. Mes collègues du service de restauration des œuvres et moi devons passer, dit Koura d’un ton inhabituellement autoritaire.
-Hmmm… fit le vigile en se grattant le menton. Est-ce que ces deux collègues ont le laissez-passer ? »

  A ces mots, Koura frappa la tête du vigile avec son éventail replié.

« Triple buse ! L’entendre de ma bouche ne te suffit pas ?! vociféra Koura.
-Euh…. si, si, bien sûr mademoiselle Demounne… Entrez, je vous en prie…
-Merci ! fit Koura d’un ton indigné, en refrappant le crâne du vigile.
-Bonne soirée ! fit Mimi en passant à côté du vigile. »

  C’était vraiment étonnant de voir la timide et studieuse Koura se déchaîner ! Le vigile referma derrière nous. Nous étions de plus en plus proches du but. Nous cachant derrière un mur, nous vîmes alors un vigile faisant sa ronde devant la réserve, affairé à dévorer un sandwich. Alors que nous retirions nos trois têtes du coin du mur, nous nous concertâmes.

« Mince, c’était pas prévu ça ! Qu’est-ce qu’on fait ? chuchotai-je.
-Il faut trouver un moyen de faire en sorte que le vigile quitte son poste… exposa Koura.
-Hmm… J’ai une idée ! susurra Mimi. Je vais faire une diversion.
-Comment ça ? demandai-je en un soupir.
-Désolée de vous laisser seuls maintenant, mais c’est un cas d’extrême nécessité. On se retrouvera plus tard ! lança-t-elle en bondissant de la cachette.»

  A ces mots, Mimi profita d’un moment d’inattention du vigile et fit semblant de trébucher et de s’étaler au sol en un faible gémissement. Le gros lourdaud de vigile se leva et accourut pour l’aider, passant à côté de nous sans même nous voir. Cachés, Koura et moi observions la scène.

« Ouh… Hh ! gémissait Mimi.
-Tout va bien mad’moiselle ? fit le lourdaud en se penchant pour l’aider à se relever.
-Oh, je crois… Ouh ! Je pense m’être fait mal au genou… fit Mimi d’un ton séducteur en remontant sa robe jusqu’au milieu de sa cuisse.

  Koura et moi partagions un sentiment à mi chemin entre la surprise et le dégoût. Mimi, la mignonne jeune chanteuse en train de faire du charme à un cachalot ?!

« Mince, qu’est ce que je pourrais faire ? fit le lourdaud en soutenant le dos de Mimi, accroupi face à elle, ingurgitant sa salive bruyamment.
-Oh, je… je dois aller à l’infirmerie, mais… oh ! Damned, je ne peux plus marcher ! fit –elle en portant le dos de sa main à son front.
-Je ne peux quand même pas déserter mon poste…
-Oh, s’il-vous-plaît, fit Mimi en se rapprochant de son visage perlé de sueur d’un ton lubrique, j’ai tellement mal…
-Quelle magnifique interprétation, chuchotai-je à Koura, totalement blasé.
-Je… Je vais vous y emmener ! s’écria le lourdaud en soulevant maladroitement Mimi.
-Oh, merci… Que ferais-je sans vous ? répondit Mimi en embrassant la joue poisseuse du vigile.
-Oh mon Dieu… sanglotai-je.
-Je vais vomir. »

  Tandis que nous nous remettions de nos émotions (aussi nauséeuses soient-elles) Mimi et le vigile s’éloignaient. Dans le dos du vigile, Mimi nous adressa un petit signe, pour nous souhaiter bonne chance.

  « La voie est libre, annonçai-je alors que le duo avait disparu.
-Attends, Reno ! Qu’est-ce qu’on fait ? On a perdu Mimi !
-Ne t’inquiète pas, elle saura nous retrouver, elle est brillante !
-Oui enfin moi aussi je suis maline…
-Hééé Koura, tu ne serais pas un peu jalouse ?
-Hein ? Mais non, pas du tout ! fit Koura en rougissant légèrement. C’est juste que je m’inquiète pour elle.
-Ne t’inquiète pas, l’infirmerie n’est pas bien loin, souviens-toi. On se rejoindra avant la fin. Allez, il nous faut grader notre sang-froid !
-Oui… C’est tout de même bizarre ce vigile ici...
-Ce n’est pas grave. Allez, entrons ! »

  Koura sortit le trousseau de clés, déverrouilla la porte, et nous entrâmes dans la dernière salle, la réserve. Comme la réserve se situe derrière la scène, nous pouvions entendre parfaitement derrière la paroi le morceau que joue l’orchestre. Koura me fit alors remarquer qu’à la fin de ce morceau, Alexeï montera sur scène, et qu’à la suite de son discours, une porte s’ouvrira, laissant avancer le pupitre du cocon.

  La lumière se faisait rare dans cette réserve. Diverses caisses en bois étaient empilées du sol au plafond, des boîtes étaient recouvertes de divers draps blancs. Le mur destiné à s’ouvrir était relié un système de corde et de poulies. Tandis que nous nous rapprochâmes de la Clé, je fus soudain envahi d’un terrible sentiment d’incertitude. Et si notre plan avait une faille ? Pas après pas, ce doute se transformait peu à peu en appréhension, puis en angoisse. Ce n’était pas notre plan qui me faisait peur, ni l’obscurité. J’ai toujours eu beaucoup de sang froid, mais il semble que cette situation était tout simplement terrifiante. Des gouttes de sueur perlaient sur mon front, et ma main pansée commençait à trembler. Au cœur de cette effroyable tension palpable, au milieu des caisses et des linges, se fit entendre un bruit sourd, mais il ne venait pas de l’orchestre.

« On n’est pas seuls… chuchota Koura.
-Mince. On va devoir ligoter une autre personne…
-Non… C’est plus compliqué que ça, j’ai déjà senti cette présence une autre fois. »

  Dans la pénombre, une faible lueur où voltigeaient une multitude de poussières pointait un petit pupitre surmonté d’une cloche de verre. Nous l’avions atteinte ! La Clé ! L’artéfact rayonnait faiblement, et était bien posé sur son socle. Etrange, un bout de la cloche était plus opaque, comme embuée…

  A tâtons, nous avançâmes vers la Clé. Ouvrant la marche, je pris depuis ma veste une paire de gants en velours, que j’enfilais dans le silence le plus complet, essayant tant bien que mal de maîtriser mon stress, inspirant et expirant par le nez. L’orchestre atteignait un crescendo. Je posai mes mains sur la cloche de verre. La tension était à son paroxysme. Je soulevai délicatement le couvercle. Une goutte de sueur coulait le long de mon front. Je donnai le couvercle à Koura. L’orchestre arrivait au sommet du crescendo. La Clé étincelait. J’approchai mes mains de l’artéfact. Un bruit retentit. Koura sursauta !

  Elle réunit ses points, puis ouvrit grand ses paumes en les écartant dans un geste ample et gracieux. Son tatouage s’illumina.

  Une lumière bleutée envahit alors toute la pièce en un éclair ! Devant nous se trouvaient trois personnes !! Un étrange homme aux cheveux ébouriffés et au regard concentré vêtu d’une longue soutane noire, une petite personne perchée sur une caisse à la peau verte et à la longue langue fourchue portant une sorte de costume noir, et enfin la personne à la cape décapuchonnée (c’était une femme ??). Les Copieurs ! Ils ont réussi à s’infiltrer eux aussi ! Et c’est pour ça qu’il n’y avait pas de sécurité dans cette salle : ils l’ont déjà neutralisée.

  Avant que je ne puisse réagir, l’homme aux écailles fit jaillir sa langue et fit tomber la cloche de verre des mains de Koura, qui vint se fracasser sur le sol. Ce fracas de bris de verre avait forcément dû s’entendre du côté de la Grand Salle : l’orchestre ne jouait plus !

  Reprenant mes esprits, je me saisis alors en vitesse de la Clé, et prit Koura avec moi pour la couvrir. Elle me serra fort la main. Mais au lieu d’essayer de nous reprendre la Clé, les Copieurs s’enfuirent ! Et derrière eux, l’homme aux longs cheveux blancs comme la neige tendit son pouce, et souffla violemment dessus. Un blizzard jaillit alors de son doigt, pour former un mur de verglas entre eux et nous.

  « Mais… Mince ! J’ai compris ! fis-je en serrant la Clé entre mes mains.
-De quoi ? s’interrogea Koura en me mettant la main sur l’épaule. »

  Et d’un geste vif, je fracassai la Clé au sol, ou elle vint s’éparpiller en de multiples morceaux. Horrifiée, Koura fit un pas en arrière.

« Mais…… Qu’est-ce que tu as fait ?! Tu as détruit la Clé ! cria Koura à demi-mot.
-C’était une fausse. Regarde, il y a un peu d’eau qui coule par terre. C’était une fausse Clé faite de glace par le Copieur qu’on a vu tout à l’heure.
-Mais alors, ça veut dire que…
-Ils ont la véritable Clé !! Vite, sur le toit ! C’est par là qu’ils fuiront ! m’écriai-je en entraînant Koura vers la porte d’où nous venions. »

  Juste au moment où nous ouvrions la porte, des applaudissements retentirent : Alexeï venait de finir son discours, et les poulies entrèrent en action. Après avoir passé la porte, nous pûmes clairement entendre la stupeur de la foule depuis le couloir, choquée et totalement affolée par la disparition de la Relique.

  Nous montâmes les marches quatre à quatre, je défonçai la porte menant sur le toit, et nous les virent, tous les trois, attendant que le dirigeable volant au dessus de nous leur lance une échelle. Nous étions tous les deux d’un côté de la coupole, et eux de l’autre. Les spots pointant leur lumière vers le ciel, le dirigeable était à présent bel et bien visible. Il était noir, métallique, et quelque peu délabré, mais il fonctionnait très bien. Je m’avançai lentement et tête baissée, mais fus interrompu par la main de Koura. « Non » m’a-t-elle dit en secouant la tête. Elle avait raison, il était trop tard. A trois personnes entraînées contre deux maladroites, nous n’avions aucune chance.

  Une échelle tomba de la cabine du dirigeable, tombant à peu près à mi-chemin entre eux et nous, devant la coupole. Alors que la femme à la cape et ses sbires s’avançaient vers l’échelle, je sentis le souffle de Koura dans ma nuque. Elle commençait à sangloter. Je serrai alors sa main un peu plus fort. La femme à la cape se saisit d’un des barreaux, mais glissa. Elle réessaya, même résultat. En s’acharnant, elle essaya d’autres barreaux, sans succès : ils étaient tous glissants de chez glissants ! Koura interrompit ses pleurs quelques secondes.

« Qu’est-ce que c’est que cette histoire encore ?.. fit Koura en reniflant, d’un ton tremblant.
-On dirait que les barreaux sont badigeonnés de savon… Mais !
-C’est exact ! s’exclama Mimi, perchée au sommet de la coupole, se tenant à la pointe pour ne pas tomber. Mes gentilles bubulles ont redu l’échelle aussi glissante qu’une savonnette ! Et ces trois-là ne sont pas près de repartir…

  A ces mots, des dizaines d’agents de sécurité déboulèrent depuis les portes, derrière la coupelle, et même depuis une petite trappe ! Les Copieurs étaient encerclés ! Koura poussa un petit rire de soulagement sur mon épaule. Ils étaient faits ! Apeuré, le petit homme-reptile eût une quinte de toux, et d’un seul coup, toussa en libérant une épaisse fumée violette ! Ni une ni deux, je me jetai tête baissée dans cette purée de pois ! Au milieu de ce gaz toxique, ma respiration retenue, je ne pouvais plus ouvrir les yeux. En entendant un léger gémissement, mon sang ne fit qu’un tour : je me ruai vers la source du son. Je fis mouche : je percutai de tout mon poids une personne, et nous expédiai tout droit hors du nuage. Je tenais sous moi la femme à la cape !

  Mimi descendit à toute vitesse pour m’aider, et les forces de police vinrent se saisir d’elle. Alors que je me relevai péniblement et que Mimi et Koura venaient pour me rejoindre, je remarquai quelque chose concernant la femme à la cape : elle était froide, mais plutôt belle. Dans notre dos, un petit ricanement retentit : les deux autres acolytes avaient réussi à monter au sommet de l’échelle, et maintenant ils s’éloignaient déjà bien vite.

« Non ! Lâchez-moi ! Vous ne comprenez pas !! hurlait la femme en essayant de se débattre de son entrave.
-Alors c’était elle, encore une fois… se désola Mimi. Maintenant nous savons à qui nous avons affaire.
-Mais… elle n’a plus sa cape ! Je ne l’avais pas remarqué ! fis-je remarquer.
-Ca change quelque chose ? interrogea Koura.
-Oui, et pas qu’un peu, répondis-je, cette cape est la Cape de Nout, elle permet d’y dissimuler tous les objets qu’on veut, et donc la Clé.
-Comment ? Alors ils ont réussi leur vol ? s’écria Mimi en baissant les épaules.
-Oui… fis-je en levant la tête vers le ciel. Nous avons perdu la Clé. »

  Alors que je contemplais les étoiles, une bise vint caresser ma joue, portant jusqu’à nos pieds une fleur. La nuit était d’un noir bien plus tendre. La femme à la cape fut emmenée par les officiers. Nous étions juste tous les trois sur le toit. Malgré notre échec, nous pouvions être fiers : personne ne nous soupçonne d’avoir essayé de voler la Clé. En se collant à mon épaule, Mimi prit une grande respiration. Koura, d’une grande sensibilité, ne put s’empêcher de verser une petite larme en me serrant le bras. Elle semble être attirée par moi… Après avoir serré ces deux-cis, Je distinguai une silhouette près d’une des portes. Alexeï me fixait, contrarié, vexé, en colère. Je lui avais menti.

* * *

« Tu es sûre de l’adresse Koura ? Ca me paraît très… austère, fis-je en contemplant la bâtisse un peu délabrée.
-Ca a plus l’air d’une grange… Mais en pleine ville ? fit remarquer Mimi.
-Rassurez-vous, ce n’est pas ça, rassura Koura. Mais il faudra quand même y entrer ! »

  Nous pénétrâmes alors dans cet étrange bâtiment de pierre et de bois gris, niché dans un quartier paumé de Bluberri. En poussant la porte, je fus submergé par l’odeur de renfermé, la poussière virevoltant dans les minces filets de lumière, et l’aspect totalement rustique et délabré de la grange. Nous montâmes un escalier grinçant à chaque pas, et après avoir traversé la balustrade, arrivâmes face à une porte bizarrement renforcée au métal... Koura frappa. une petite fente s’ouvrit, laissant dépasser un œil et… une mèche.

« Mot d’Passe ?... fit la personne de l’autre côté de la porte.
-‘‘C’est la danse des canards !’’ chantonna Koura.
-Okèèè… »

  Et à ces mots, la porte s’ouvrit sur le bâtiment mitoyen. A notre grande surprise, Mimi et moi découvrîmes un beau salon, décoré avec goût. Un grand tableau d’affichage trône sur le mur principal, avec divers papiers épinglés sur le liège. Une odeur de café et de chocolat embaumait la pièce, et quatre canapés étaient disposés en carré, avec une petite table où sont posés diverses tasses et jeux de carte. Et le plus important, une grande table ronde prenait place de l’autre côté de la pièce.

  Tout le monde était assis, à nous regarder arriver d’un œil à la fois fasciné et réjoui. La jeune fille à la mèche referma derrière nous. Tout le monde était occupé, et notre arrivée, bien que soudaine, les a tous fait sourire. Ils ont l’air sympa !

« Reno, Mimi, voici l’un des quartiers du Flipnote ! annonça fièrement Koura. Vous autres, voici Reno Ozafi et Mimi Nayco, deux nouvelles recrues ! Je compte sur vous pour les accueillir comme il se doit…
-Eh, Koura, il paraît que Reno est ton copain, c’est vrai ? fit un jeune homme assis dans un fauteuil se recoiffant, un jeu de cartes à la main.
-Heeeiiiiiin ??? Mais non non non non non pas du tout !!! s’écria Koura en trépignant et rougissant.
-Mec, arrête de la taquiner… fit une femme assez garçon manqué en collant une châtaigne au moqueur.
-Donc… soupira Koura, voici Estéban Guilie, et Noémie Lyzanna. A côté d’Estéban, c’est sa sœur, Stella Guilie. Celle qui nous a ouvert, c’est Mia Emimétier, et celui qui écrit son rapport dans le coin, c’est Anthon Pavache.
-Salut ! (Stella)
-Yo ! (Estéban)
-Ouais, salut… (Noémie)
-‘Lut. (Mia)
-Chhhhhttt je bosse ! (Anthon)
-Mais vous aurez plus le temps de faire connaissance après votre entrevue ! Notre Tatoueur vous attend ! fit-elle gaiement. »

  Alors voici des membres du Flipnote ? Ils ont l’air si fortiche ! Résumons… Nous avons deux frère et sœur sympas, une garçon-manqué musclée, une mécheuse blasée, et un bel homme marrant. Ca promet ! Mais pour l’heure, Mimi et moi devons nous faire tatouer définitivement nos grenouilles. Symboles du Flipnote et de notre personnalité, elles seront le catalyseur de notre puissance, et le signe de notre entrée dans le plus grand réseau secret luttant pour le Bien, j’ai nommé le Flipnote ! De quelle couleur sera le mien ?..
CHAPITRE PRÉCÉDENT : theratigan.deviantart.com/art/…


Et c'est parti pour le VOL !! La Clé ne doit pas tomber entre les mains des méssants Copieurs !!
Dignes héritiers de James Bond, nos trois comparses s'infiltrent dans le gala mais rencontrent diverses embûches... Pas communes xD Et vers la fin, vous pourrez voir arriver 5 nouveaux personnages :D (si vous n'y êtes pas encore chers amis, patience... votre tour arrivera ;) )

Vous avez face à vous le meilleur épisode à ce jour, le plus drôle, et le plus long aussi xD Mais les suivants seront encore mieux !!!

HEY TOI ! Fais tourner, partage, et parle de Hatena uMN à tous ceux qui en viennent !! Pour que notre monde se révèle à eux, ils faut que vous leur montrez le chemin les amis ;) !

STARRING :
Reno Ozafi - :icontheratigan:
Mimi Nayco - :iconmiho-pyun:
Koura Demmoune - :iconkoura-the-moon:
Alexeï Silvering - :iconalinkkiyoiyuusha:
Nocti (la femme à la cape) - :iconx-me-xhatena:



   (mais aussi...)

Stella Gulie - :iconstarblind06:
Estéban Guilie - :iconguillaume-esteban:
Noémie Lyzanna - :iconokanami:
Mia Emimétier - :iconhakitawa:


Anthon Pavache- .... Euuuh Antoine, possèdes-tu un compte dA ?? 'xD
© 2013 - 2024 theRatigan
Comments52
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NegaWhite's avatar
Super ! Et au fait : moi aussi j'étais sur hatena :D Je ne sais pas si tu te rappelle de moi, sinon regarde mes dessins ;). Et si tu te rapelle toujours pas de moi; n'hésite pas à me le dire.